Qui s'en souvient encore? Au début des années 1970, le baril de pétrole valait moins de 2 dollars.
A cette époque, personne n'imaginait qu'un président américain en serait un jour réduit à quémander auprès du roi d'Arabie saoudite une hausse de la production de l'OPEP pour faire baisser les prix. Et pourtant, c'est exactement ce que George W. Bush est venu demander, sans grand succès, au roi Abdallah.
Le pouvoir, si l'on en doutait encore, a basculé. Il a échappé aux pays consommateurs et aux "Big Oil" (Exxon, Chevron, Shell, BP...).
Aujourd'hui, le prix de l'or noir se joue dans au Kremlin, dans les administrations iraniennes, auprès des politiques nigérians ou vénézuéliens, dans les couloirs de l'OPEP mais surtout, surtout dans les palais saoudiens.
Moins violent qu'en 1973 et 1980, le monde vit son troisième choc pétrolier. Le baril a vu son prix multiplié par six en six ans, certaines banques d'affaire le voient à 141 dollars prochainement. L'OPEP elle même n'exclut plus 200 dollars.
Une des principale raison est le savant équilibre que l'Arabie Saoudite et par la même, l'OPEP, ménagent : approvisionner le marché pour éviter toute rupture, réduire la marge "tampon" de sécurité au maximum et maintenir des cours élevés pour "préserver l'avenir de leurs générations futures"... stratégie payante, et surtout simple à mettre en œuvre lorsque vous représentez 85% des ressources pétrolières de la planète.
Alors on en vient à se demander si la guerre pour l'or noir pourrait être une option? Moyennement imaginable, avec un client phare, qui aurait tout à fait les moyens de déstabiliser les économies des pays envahisseurs : la Chine.
De nombreux pays industrialisés ont déjà tiré les leçons des précédentes crises en réduisant leur dépendance pétrolière, mais aux Etats-Unis, le mode de vie américain n'a jamais été négociable. Trop dangereux politiquement. Résultat, son taux de dépendance énergétique au pétrole importé est passé de 60% à 80%.
Mode de vie ou pas, la réalité risque de reprendre ses droits : la géologie va rattraper la géopolitique.
Il reste 1 200 milliards de barils de pétrole, soit quarante ans de consommation au rythme actuel.
Certains autres gisements, extrêmement couteux pourraient également être travaillé, mais le jeu en vaudrait-il encore, financièrement, la chandelle?
Qu'on le veuille ou non, la seule véritable réponse réside dans une baisse de la consommation. Et cela passera notamment par un changement radical de nos moyens de transports, qui à 97% fonctionnent grâce aux dérivés du brut.
La meilleure manière de ne pas être dépendant du pétrole est encore de ne pas avoir à l'utiliser.