Malgré Noël, l’heure n’est pas à la fête sur la planète supermarchés.
Dans le monde entier, crainte du chômage et chute du pouvoir d’achat terrasse le porte monnaie classes moyennes.
Première victime en Grande-Bretagne, la chaîne Woolworths va disparaître.
Après un siècle d’existence, le groupe a été terrassé par la crise du crédit et l’effondrement des ventes.
Chez nous, rien de très glorieux,les chiffres sont mauvais.
Si Carrefour tient toujours debout, son action, elle, vacille: elle a perdu près de 40% de sa valeur en un an.
Partout, la déprime règne. Enfin presque partout.
Car aux Etats-Unis, le géant Wal-Mart voit les foules affluer. Au troisième trimestre, ses profits ont même augmenté de 10% alors que le pays s’enfonce dans la récession.
La stratégie est simple. Des prix bas, à tout prix.
Une stratégie qui a fait de cette petite épicerie de l’Arkansas, dans l’Amérique profonde, la première entreprise mondiale, toutes catégories confondues, en quatre décennies.
Problème : ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour l’Amérique.
Pour les consommateurs, Wal-Mart est une aubaine. Plus les fins de mois sont difficiles, plus les Américains raffolent de ses bonnes affaires.
A la recherche de la moindre économie, les Américains se ruent chez le roi du discount. D’autant qu’ils y trouvent de tout: dans ses hypers ouverts 24 heures sur 24, plus de 140 000 produits sont référencés -contre 50 000 dans un Carrefour moyen. Un seul trajet suffit pour remplir le frigo, la penderie et même le garage.
Mais les Américains n’ont pas seulement besoin de prix bas, ils ont aussi besoin d’un job.
Or Wal-Mart crée surtout des emplois… en Chine.
Il y a deux ans encore, la chaîne achetait, à elle seule, plus que la Russie ou la Grande-Bretagne à l’Empire du Milieu. Et quand elle ne fait pas affaires directement avec les producteurs chinois, elle fait pression, sans état d’âme, sur ses fournisseurs pour qu’ils mettent, eux aussi, cap à l’est.
Dernièrement, c’est le fabricant de textile Hanes qui a fermé neuf usines aux Etats-Unis et en Amérique centrale. Explication : ces sites de production ne lui permettaient plus d’offrir les prix voulus par Wal-Mart. Or, pour un fournisseur, se passer de la chaîne aux 180 millions de clients par semaine dans le monde, c’est tout simplement impossible.
Entre 2001 et 2006, les Etats-Unis auraient perdu 200 000 emplois en raison des activités du géant de la grande distribution.
Mais si Wal-Mart crée des chômeurs, il ne s'arrête pas là. Il est aussi le champion des "travailleurs pauvres". Aux Etats-Unis, quand les usines ferment leur portes, les nouveaux chômeurs, sans formation, n’ont pas d’autres possibilités que de rejoindre la chaîne, passant d'un salaire de 20 dollars de l’heure, avec avantages sociaux, à moins de la moitié, avec avantages a minima.
Wal-Mart est le premier employeur du pays, 1,4 million de salariés, développant l’appauvrissement des classes moyennes.
A tel point que seuls des prêts "abracadabrantesques", façon "subprimes", leur ont permis de continuer à s’offrir un toit, avec le succès que l’on sait...