Après quelques jours à Singapour pour un marché international, j'ai eu l'occasion de discuter avec de nombreux indiens. Définitivement, nous parlons d'un traumatisme, un autre 11 Septembre; le massacre de Bombay dispense de fortes leçons.
D'abord le fanatisme. Il infecte une vaste religion, devient une très longue maladie. Il confirme ensuite la prétention missionnaire de l'islamisme.
Enfin, il montre les progrès stratégiques du djihad, la guerre sainte; tous les états "fiévreux" sont ébranlés Afghanistan, Pakistan l'Iran...
Les religions aident à vivre; certes, mais aussi les plus grandes massacreuses de l'Histoire. Les trois religions d'un même Dieu unique, la juive, la chrétienne, l'islamique, ne cessent de déchaîner contre l'"infidèle", une agressivité fratricide. Entre catholiques et protestants, les carnages ont décimé leur propre passé.
Au sein même de l'Islam, le conflit récurrent entre chiites et sunnites continue d'ensanglanter le Proche et le Moyen-Orient.
C'est une évidence qu'on ne peut ni ne doit confondre l'islam de centaines de millions de fidèles pacifiques avec sa déviance terroriste. Mais c'en est une autre que dans le vivier islamique s'opère le recrutement de soldats égarés.
La déviance terroriste donne sa caution divine à des conflits très humains, sacralisant la lutte des musulmans contre les hindouistes dans la péninsule indienne. Elle confie l'étendard du Prophète aux Palestiniens radicaux du Hamas. Elle fermente sur les misères. En Indonésie, en Afrique, elle épouse des clivages ethniques que l'ère coloniale a maintenus ou durcis. Un peu partout, elle revigore l'hydre aux mille têtes d'Al-Qaeda dans son aversion de l'Occident.
Aujourd'hui, la mouvance terroriste se concentre désormais sur trois sites.
Le premier est l'Afghanistan, berceau d'Al-Qaeda. Elle y réveille, avec les talibans, le désir d'attirer l'Occident dans un enlisement sans fin.
Le deuxième est le Pakistan. L'attentat de Bombay exacerbe l'hostilité avec l'Inde. L'opération tactique, menée cette fois par un commando très militaire, était d'envergure : elle visait à précipiter les troupes pakistanaises à la frontière indienne pour dégager de leurs pressions les zones-refuges de la frontière afghane.
Il faudra, qu'Ali Zardari, nouveau président du Pakistan, éradique ses services très spéciaux, véritable Etat dans l'Etat.
Le troisième site est l'Iran, avec, encore et toujours, sa théocratie, son désir d'acquisition d'un potentiel nucléaire.
Si le foyer israélo-palestinien continue de jeter de l'huile sur le ressentiment arabe, le véritable "vortex" de la nébuleuse terroriste se concentre désormais dans un triangle, digne du pire des cauchemars : Kaboul, Islamabad, Téhéran.
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