Difficile d'avoir une idée précise d'un charnier sans les images d'archives des camps de la mort.
Tout aussi difficile de comprendre ce qu'était la folie bestiale des khmers rouges sans avoir vu "La déchirure" de Roland Joffe.
Sorti en 1984 et couronné de trois oscars, le film fait le portrait de la tragédie cambodgienne en s'inspirant fortement de la vie du journaliste Sydney Schanberg et de son assistant Dith Pran.
On a appris aujourd'hui que Dith Pran est mort dimanche matin à l'âge de 65 ans d'un cancer du pancréas.
Pran fut à la fois l'interprète et l'assistant de Schanberg jusqu'à la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, en 1975.
Les deux hommes sont alors arrêtés par les rebelles communistes et condamnés à mort, mais Dith Pran réussit à les faire relâcher, ainsi que deux autres reporters, en les faisant passer pour des journalistes français, et non américains.
Ils trouvèrent alors refuge à l'ambassade de France. Shanberg réussira finalement à faire sortir du pays la famille de Dith Pran, mais ce dernier sera contraint de rester derrière.
Il est rapidement déporté vers les camps de rééducation dans la campagne cambodgienne. Il y survivra en se faisant passer pour un paysan inculte, dans un univers où toute marque de culture chez un individu suscitait la vindicte des Khmers...ne serait-ce que la possession d'une paire de lunettes.
Dith Pran parvint à s'échapper quelque quatre ans plus tard et, évitant les patrouilles communistes, gagna un camp de réfugiés à la frontière thaïlandaise où vint le retrouver Sydney Shanberg, qui avait entre temps multiplié en vain les recherches pour le retrouver.
Sydney Schanberg a obtenu le Prix Pulitzer en 1976 pour sa couverture du conflit.
Installé aux États-Unis, réunis avec sa famille, Dith Pran devient à partir de 1980 photojournaliste au New York Times.
La même année, Schanberg fit de cette histoire un long article, puis un livre, qui devint la base de "La Déchirure"/"The killing fields" en anglais, expression qui devint plus tard le titre d'un film, a été inventée par Dith Pran pour décrire sa fuite parmi des champs jonchés de cadavres.
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